Les Territoires Obscurs désignent les vastes zones inexplorées situées au-delà des routes hyperspatiales connues, dans les interstices du réseau galactique. Ce sont des espaces sans cartes, sans lois et sans lumière — un vide si ancien qu’il semble parfois vivant.

Naviguer dans ces régions, c’est s’aventurer là où même les hyperlanes ne conduisent plus. Aucun Nexus, aucune IA, aucun système de guidage ne peut y garantir la sécurité d’un trajet. Les distances se dilatent, les coordonnées deviennent instables, et les communications s’évanouissent. Les Territoires Obscurs sont le gouffre derrière la frontière.

• Statut politique : Inexistant / Non réclamé
• Structure politique : Aucune autorité centralisée
• Colonisation : Quasi inexistante
• État technologique : Extrêmement variable, souvent archaïque
• Population estimée : Inconnue, probablement quelques centaines de milliers d’individus dispersés
• Dangerosité : Extrême — navigation non balisée, anomalies gravitationnelles, phénomènes inconnus

L’absence totale d’hyperlanes rend la traversée des Territoires Obscurs dangereuse au-delà de toute mesure. Chaque saut est un pari : les champs gravitationnels y sont chaotiques, les repères stellaires trompeurs, et les moteurs quantiques Braum-Tanaka peinent à maintenir leur stabilité. Des milliers de vaisseaux ont tenté la traversée — la plupart ne sont jamais revenus.

Pourtant, l’appel du vide persiste. Des explorateurs indépendants, des compagnies minières désespérées ou des aventuriers sans avenir cherchent sans relâche à découvrir une nouvelle hyperlane. Leur rêve : tracer un passage stable vers une zone riche en ressources rares et s’assurer une fortune éternelle. Mais en réalité, c’est comme chercher une aiguille dans une galaxie de foin. Les chances de succès sont infinitésimales, et la plupart des “pionniers du vide” terminent oubliés, perdus entre deux étoiles mortes.

Certaines régions des Territoires Obscurs sont classées zones rouges par la Fédération Galactique et strictement interdites d’accès. La plus célèbre est le Bras du Centaure, théâtre de la Guerre du Premier Contact, que l'on nomme parfois le “Voile du silence”. Plus de deux siècles après le conflit, on y capte encore des signaux centauriens — pulsations organo-techniques, trames codées incompréhensibles, parfois des transmissions qui imitent la voix humaine. Aucun vaisseau envoyé dans cette région n’est jamais revenu. Certains disent que les centauriens sont morts depuis longtemps. D’autres pensent qu’ils attendent simplement qu’on les réveille.

Dans l’imaginaire des spacers, les Territoires Obscurs sont à la fois un rêve et un cauchemar. C’est le ventre noir de la galaxie, un lieu d’où tout peut surgir :

• des formes de vie aberrantes, nées dans le vide entre les étoiles ;
• des anomalies gravitationnelles qui plient la réalité et avalent les vaisseaux tout entiers ;
• des signaux fantômes, semblant provenir de navires disparus depuis des siècles ;
• et parfois, des ombres mouvantes observées à travers les hublots, que personne n’a jamais su expliquer.

Les spacers ont un dicton :

*“Dans le noir, ce n’est pas le vide qui te regarde — c’est ce qu’il a avalé avant toi.”*

Les rares individus qui vivent dans les Territoires Obscurs sont des marginaux absolus, des êtres qui ont tout quitté — ou tout perdu. Criminels en fuite, mystiques, anarchistes, ou survivants de colonies oubliées : ils ne partagent qu’un seul point commun, le refus de la civilisation.

La plupart ont eu la chance, ou la folie, de tomber sur un monde encore vivable — un miracle en soi. Les probabilités d’en trouver un sont si faibles que chaque colonie humaine recensée dans ces zones tient presque du mythe. Beaucoup vivent sur des stations délabrées, alimentées par des réacteurs de récupération et des illusions d’autonomie. Pour la Fédération, ils n’existent pas. Pour les spacers, ils sont déjà morts.

Dans le Cœur galactique, les Territoires Obscurs sont l’incarnation même de l’inconnu absolu : un lieu où s’effondrent la science, la raison et les lois. Dans la frontière et la bordure extérieure, ils représentent à la fois l’espoir et la folie — la promesse d’un ailleurs que personne ne peut posséder. Certains cultes y voient la “peau du Vide”, la frontière entre le monde des vivants et celui des consciences perdues.

*“On dit que dans les Territoires Obscurs, les étoiles ne brillent pas : elles se souviennent.”*
— Journal de bord du capitaine Dren Halvor, disparu en 2287.

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