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L’attentat d’Orvis VI constitue l’événement déclencheur de la Guerre d’Orion, premier conflit ouvert entre la Terre et ses colonies extrasolaires. Elle fût l'aboutissement d'années de tensions larvées durant la crise orionaise. Cet attentat, perpétré en orbite de Mars, mit brutalement fin aux dernières illusions de paix entre la métropole et les mondes du programme colonial.
La Fête de la Concorde commémore la fondation des Nations Unies, alliance des anciennes puissances occidentales formée à la suite de la crise climatique et de l’effondrement économique mondial. En pleine guerre froide avec le Pacte Eurasiatique,alors que la Terre connaît une prospérité relative grâce aux ressources venues de l’espace, les colonies, elles, s’enfoncent dans la précarité. La plus importante, Orion, première colonie autosuffisante, possède depuis quelques années un gouvernement semi-autonome, le Conseil d’Orion, garant de ses intérêts économiques et culturels.
Face aux revendications orionaises qui commence à contaminer d'autres colonies, les tensions s’intensifient à mesure que la Terre impose des restrictions commerciales et un blocus économique partiel sous prétexte de “préserver la stabilité interplanétaire”. Pour les colons, il s’agit d’une mise sous tutelle déguisée. La défiance monte, alimentée par des mouvements clandestins comme le Front de Libération d’Orion (FLO), groupe extrêmiste prônant la sécession totale.
Le 17 mars 2152, la station Orvis VI, en orbite autour de Mars, se prépare à accueillir les cérémonies officielles de la Concorde. Des représentants civils et militaires, venus de tout le système solaire, s’y rassemblent pour célébrer la “paix universelle” et l’unité de l’humanité.
À 19 heures standard, plusieurs explosions coordonnées secouent simultanément les niveaux résidentiels et les galeries commerciales. En quelques secondes, la station perd son intégrité structurelle. Les systèmes de confinement cèdent, projetant des milliers de personnes dans le vide. L’onde de choc détruit les communications et provoque une panique généralisée à travers tout le réseau orbital martien. Les secours mettent plusieurs heures à intervenir, ne retrouvant que des débris et des corps dérivant dans l’espace.
Les images diffusées en direct par les réseaux d’information terriens marquent profondément l’opinion publique : des familles flottant dans le néant, des uniformes en lambeaux, les flammes d’Orvis VI visibles depuis la surface de Mars. Le traumatisme collectif est immédiat.
Quelques heures plus tard, une transmission pirate attribuée au Front de Libération d’Orion revendique l’attentat, accusant la Terre d’exploiter les colonies et proclamant la “fin du joug terrien”. Bien que la revendication soit contestée par plusieurs observateurs, le Secrétariat Général des Nations Unies s’en empare aussitôt pour légitimer une riposte. Des suspects liés au FLO sont arrêtés dans le système Sol, en possession d’explosifs d’origine militaire, ce qui suffit à sceller la version officielle. Le Pacte Eurasiatique est accusé d'avoir armé les orionais, déclarations qu'ils démentiront fermement.
Le Conseil d’Orion, gouvernement colonial semi-autonome, condamne publiquement l’attentat et nie toute implication directe. Cependant, face aux déclarations belliqueuses de la Terre et à la mobilisation militaire des Nations Unies dans le secteur, le Conseil finit par rompre tout lien diplomatique. Sous la pression populaire et la peur d’une invasion, il rejoint les rangs de la révolte armée, entraînant derrière lui la quasi-totalité de la maigre flotte de défense orionaise.
Sur Terre, la stupeur se transforme rapidement en fureur. Le Grand Amiral Kovac, chef des forces spatiales, prononce un discours resté célèbre :
« L’UN ne négociera pas avec des terroristes. À ceux qui ont souillé le symbole de la Concorde, je ne promets qu’une chose : le feu et le sang. »
L’état d’urgence est proclamé sur Terre et dans tout le système solaire. La propagande s’intensifie. En moins d’un mois, le conflit éclate à grande échelle : la Guerre d’Orion commence.
L’attentat d’Orvis VI marque le point de non-retour de l’histoire humaine. Ce jour-là, la Terre comprit que ses colonies ne lui appartenaient plus, et les colons qu’ils ne seraient jamais entendus autrement que par la guerre. Les historiens dissidents de la Fédération Galactique considèrent cet événement comme le péché originel de la militarisation de l’humanité, prélude à des siècles d’impérialisme sous couvert d’unité.