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“Nous avons offert à l’humanité un scalpel. Elle en a fait une épée.”
— Professeur Ta’Varr, Institut Historique de Banthur, 2231
La faute des Banthuriens est une expression commune utilisée par les historiens et les philosophes dissidents de la Fédération Galactique pour désigner la responsabilité morale du peuple banthurien dans la naissance du régime autoritaire humain de l’United Earth Federation. Ce concept est central pour comprendre la genèse du pouvoir fédéral moderne : l’idée qu’une aide rationnelle et bien intentionnée a, par imprudence, engendré le monstre qu’elle voulait éviter.
Au moment de la Guerre du Premier Contact (2155–2164), les banthuriens observaient la catastrophe humaine depuis leurs océans paisibles. Pragmatiques et pacifistes, ils refusèrent d’abord toute intervention, convaincus que l’évolution naturelle des civilisations devait suivre son cours. Mais à mesure que les flottes centauriennes s’approchaient du bras de Persée, ils réalisèrent que la chute de l’humanité signifierait à terme la leur.
Les Banthuriens prirent alors une décision qu’ils ne cesseraient jamais de regretter : ils offrirent à l’espèce humaine leur savoir scientifique et biologique le plus avancé, notamment dans les domaines de la guerre biotechnologique et de la physique quantique.
Les Banthuriens fournirent trois technologies majeures :
Ces dons, conçus pour sauver la galaxie d’une espèce prédatrice, furent absorbés par une humanité au bord de l’effondrement psychologique. Leur logique froide et leur efficacité sans compassion donnèrent naissance à une idéologie de survie absolue, incarnée par le United Earth Command : une structure militaire totalitaire où chaque être, chaque ressource, chaque pensée devait servir la guerre.
Lorsque la guerre prit fin, les Banthuriens crurent que l’humanité chercherait la paix. Ils découvrirent au contraire un peuple fanatisé par la peur, convaincu que seule la discipline pouvait sauver une espèce menacée d’extinction.
L’UEC se transforma en UEF, régime autoritaire centralisé qui fit de l’“unité” une religion d’État. Les doctrines banthuriennes de stabilité et d’efficacité furent réécrites en dogmes d’obéissance et de contrôle.
“L’humanité a repris nos formules. > Elle en a effacé la compassion.”
— Docteur Sel’Naar, philosophe banthurien
Les Banthuriens, conscients de la dérive, n’intervinrent jamais directement. Trois raisons expliquent cette inaction :
Ce pragmatisme glaçant les rendit complices, aux yeux de l’histoire, de la montée du monstre fédéral.
Dans la mémoire collective banthurienne, la faute est devenue un péché philosophique : une leçon sur les dangers de la raison pure lorsqu’elle est séparée de la morale.
Certains chercheurs banthuriens considèrent encore aujourd’hui que la Fédération Galactique — issue de la fusion des idéaux banthuriens, humains et khalaxis — reste fondamentalement pervertie par ce péché originel : une alliance bâtie sur la peur, la rationalité froide et la mémoire de l’extinction.
“Nous voulions sauver la galaxie de la guerre. > Nous avons appris que la peur est une graine qui ne meurt jamais.”
— Archives de la cité submergée de Kaar-Soruun