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Les travailleurs de l’espace, appelés communément les spacers, forment une véritable caste culturelle à part entière. Pour la plupart, ils ne sont plus rattachés à une planète, mais à leur vaisseau, à leur équipage et aux couloirs familiers d’un poste de pilotage. Nés, formés ou adoptés par le vide, ils vivent dans une promiscuité constante, au sein de cultures mêlées, brassées par les routes stellaires. Ironie du sort, cette vie permanente en espace restreint a rendu nombre d’entre eux profondément agoraphobes et ils ont parfois beaucoup de mal à évoluer sur un planète, loin des couloirs familiers de leurs stations et vaisseaux.
L’invention des champs de gravité inertiels leur permet désormais de fouler le sol planétaire sans subir les ravages osseux d’autrefois — mais beaucoup de spacers rapportent encore des troubles d’équilibre ou une sensation de malaise persistant à la surface.
Ils partagent des coutumes, des codes et une identité forte : entraide entre vaisseaux en détresse, respect quasi sacré des IA de bord, et attachement à l’équipage comme famille de substitution. L’attente, la routine, les réparations et les longues veilles rythment leur quotidien — entrecoupé parfois de tempêtes stellaires ou d’incidents techniques qui rappellent que dans l’espace, la mort rôde à chaque palier d’écoutille.
L’escale est une fête. Lorsqu’un vaisseau s’arrime à une station, les permissions orbitale sont l’occasion de décompresser : alcool, jeux, plaisirs tarifés… Mais nul ne s’y attarde. Un bon capitaine le sait : un vaisseau qui reste trop longtemps au port se gangrène.
Le moral de l’équipage est une responsabilité cardinale. Dans l’espace, une simple querelle peut dégénérer en conflit meurtrier après des semaines d’isolement. La justice à bord est souvent expéditive, mais son efficacité prévaut sur les formes : mieux vaut une décision brutale qu’un drame d’atmosphère.
Dans un vaisseau fédéral, la chaîne de commandement est sacrée. Le capitaine y incarne l’autorité suprême : il commande, mais il est aussi tenu à l’exemplarité. S’il faillit, tout l’équilibre de l’équipage peut être compromis. Les navires sont rarement la propriété de ceux qui les commandent : ils sont affrétés, prêtés, ou loués à prix d’or par des megacorporations ou des consortiums de fret. Un capitaine gagne bien sa vie, mais reste lié par une charte stricte. La discipline y est ferme, même sur les navires civils.
Dans la Bordure Extérieure, les règles changent. La propriété du vaisseau est souvent collective : certains équipages possèdent des parts, d'autres suivent un capitaine-propriétaire élu au mérite. Le commandement est pragmatique, parfois rude. Un capitaine outlander ne reçoit pas d’ordre : il les donne, mais n’est pas à l’abri d’un vote de défiance ou d’un abandon planifié sur une lune stérile s’il échoue trop souvent.
Le rôle du quartier-maître y prend une place centrale : il est la voix de l’équipage, l’intercesseur, le garde-fou. Son influence est telle que certains capitaines préfèrent ne pas en nommer, quitte à prendre seuls le poids des décisions. Mais sans contrepoids, un équipage peut vite se retourner.
Les spacers, même les plus rationnels, développent souvent des superstitions : prière au moteur principal avant chaque saut, offrandes à l’IA du bord, récits de fantômes dans les soutes oubliées. Certains vaisseaux prétendent avoir une “voix”, un esprit propre, que seuls les anciens entendent.
Certains équipages laissent toujours une couchette vide, “pour l’absent”, tradition héritée des premières colonies qui rappelle que dans l’espace, il y a toujours un disparu de plus que prévu.