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Les Nations Unies furent le premier véritable bloc politico-économique planétaire unifié de l’histoire humaine moderne. Nées au XXIᵉ siècle dans un contexte d’effondrement climatique, de crise énergétique et de fragmentation géopolitique, elles devinrent le cœur du bloc occidental, préfigurant les futurs régimes centralisés qui domineront l’ère interstellaire. Sous couvert d’humanisme et de coopération globale, elles posèrent les fondations d’un ordre technocratique mondial qui allait façonner la civilisation humaine pour des siècles.
Les Nations Unies du XXIᵉ siècle ne sont plus l’organisation symbolique issue de l’après-guerre, mais une structure de survie mondiale. Face à la crise climatique, à l’effondrement économique mondial et à la montée de tensions entre puissances, les États-Unis, l’Union Européenne et leurs alliés se réunissent en 2038 pour signer le Traité de Genève, créant une alliance politique, économique et militaire dotée d’institutions supranationales permanentes.
Cette refondation marque la naissance d’un bloc occidental unifié, opposé au Pacte Eurasiatique formé par la Chine, la Russie et plusieurs nations émergentes. Le monde entre alors dans une seconde guerre froide, cette fois portée sur le contrôle des ressources énergétiques, des technologies quantiques et de la conquête spatiale.
Sous la direction des Nations Unies, la Terre connaît une renaissance technologique. Les entreprises privées comme Exogen et Novatech deviennent les bras armés de son expansion spatiale. La course à la colonisation s’intensifie, donnant naissance aux premières stations orbitales et aux colonies lunaires, puis martiennes.
La création d’un Revenu Universel Minimum stabilise temporairement la société, mais engendre une stagnation culturelle et une dépendance totale à l’État mondial. La colonisation offre alors une échappatoire à des millions d’individus cherchant à fuir la léthargie du système terrien — mais ces promesses d’un “nouveau départ” se transforment vite en désillusion. Les colons découvrent des conditions précaires, une économie d’exploitation, et un contrôle constant par les autorités terrestres.
À mesure que les colonies se multiplient dans la ceinture d’Orion, un déséquilibre structurel se creuse. La Terre siphonne les ressources pour maintenir son confort tandis que les colons peinent à survivre. Les tensions s’aggravent entre 2130 et 2150 : la colonie d’Orion devient la première à atteindre l’autosuffisance, développant sa propre administration semi-indépendante, le Conseil d’Orion.
Les Nations Unies, craignant une sécession et une contamination idéologique des autres colonies, imposent un blocus économique partiel, accusant le Conseil de protéger des groupuscules radicaux tels que le Front de Libération d’Orion (FLO). Cette politique autoritaire radicalise la population coloniale et alimente une propagande anti-terrestre.
L’attentat d’Orvis VI en 2152, survenu en orbite martienne lors des célébrations de la Concorde, marque le point de rupture. L’opinion publique terrienne réclame vengeance, et les Nations Unies répondent par la force.
Malgré les dénégations du Conseil d’Orion, accusé à tort d’avoir soutenu le FLO, la propagande terrienne désigne la colonie comme responsable. En quelques semaines, les pourparlers s’effondrent, les flottes se mobilisent, et débute la Guerre d’Orion (2152–2154).
Le conflit, court mais d’une brutalité inouïe, se solde par la soumission totale de la colonie. Les bombardements orbitaux rasent la capitale orionaise de Nysaïa, tuant des millions de civils. Le Conseil d’Orion est dissous, ses membres exécutés ou emprisonnés. La victoire militaire s’accompagne d’une répression politique sans précédent : surveillance renforcée, militarisation des colonies, et culte d’unité imposé par la propagande.
Cette guerre laisse des cicatrices profondes dans la psyché collective : elle brise le mythe de la “Concorde universelle” et inaugure une ère d’autoritarisme global. Les Nations Unies sortent victorieuses, mais moralement brisées, transformées en un État militarisé et paranoïaque.
À peine uquelques années plus tard, l’humanité est frappée par un événement bien plus terrible encore : le Premier Contact. En 2154, des signaux énigmatiques venus du bras du Centaure précèdent les premières attaques de la race connue sous le nom de Centauriens.
De 2155 à 2164, la Guerre Centaurienne dévaste l’ensemble des colonies humaines. Les flottes des Nations Unies et du Pacte Eurasiatique sont balayées les unes après les autres, incapables de faire face à la supériorité technologique et biologique de l’ennemi. Les anciens rivaux humains s’effondrent simultanément, leurs structures politiques volatilisées dans le chaos du conflit interstellaire.
En 2161, les armées centauriennes atteignent le système Sol. Le siège de la Terre — le Siège de Sol — devient le dernier acte de la vieille humanité. C’est alors que les survivants des flottes brisées se regroupent sous un commandement unique : le United Earth Command (UEC). Né dans le feu du désastre, l’UEC n’est pas une institution politique mais une autorité militaire d’urgence, destinée à coordonner la défense de la planète et l’évacuation des civils.
Cette centralisation totale du pouvoir marque la fin des Nations Unies. Le gouvernement civil est dissous, la démocratie suspendue, et toute la société bascule dans un régime d’économie de guerre permanente. Ce nouvel organe deviendra, après la victoire, la base de la future United Earth Federation, qui perpétuera la domination centralisée de la Terre, puis de New Hope, sur l’humanité.
Les Nations Unies furent à la fois le dernier rêve démocratique de l’humanité et le berceau de son autoritarisme futur. Elles unirent la Terre, mais au prix de la liberté. De leur ruine naquit une ère d’expansion brutale, de propagande et de contrôle technologique dont les répercussions marquèrent toute l’histoire galactique.