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Le Pacte Eurasiatique (PE) fut le second grand bloc de puissance du XXIᵉ et du XXIIᵉ siècle, né en réaction à la refondation des Nations Unies en 2038. Alliant la Russie, la Chine et plusieurs puissances émergentes d’Asie centrale, du Moyen-Orient et d’Afrique, le Pacte se voulait le modèle d’un ordre multipolaire post-occidental, fondé sur la souveraineté nationale, la planification autoritaire et la suprématie technologique d’État.
Opposé à l’idéologie humaniste et libérale des Nations Unies, il devint rapidement un bloc militaro-industriel fermé, autarcique, obsédé par le contrôle social et la survie civilisationnelle. Pendant près d’un siècle, il incarna l’autre visage de l’humanité : celui d’une modernité disciplinée, totalitaire et sans illusion.
La fondation du Pacte Eurasiatique découle directement de la refondation des Nations Unies en 2038. Confrontées à l’expansion politique et économique du bloc occidental, la République Populaire de Chine, la Fédération de Russie et plusieurs alliés régionaux concluent à Pékin une alliance stratégique et militaire baptisée *Traité de Coopération Eurasiatique*.
Son objectif initial est double :
Rapidement, le Pacte s’étend pour inclure :
Le Pacte repose sur une gouvernance bicéphale :
Le système politique du Pacte se définit comme une technocratie dirigée par le mérite et la loyauté. L’élite est issue de l’armée, du renseignement, et des grandes écoles d’ingénierie d’État. Chaque citoyen possède un Indice d’Utilité Sociale, calculé par IA, déterminant son emploi, son logement et son accès aux privilèges civiques.
Les libertés individuelles sont officiellement “garanties”, mais strictement encadrées par un Système de Crédits Civiques Unifiés, héritier direct des expériences de surveillance chinoises du XXIᵉ siècle.
Face à la dépendance économique du bloc occidental envers les megacorporations, le Pacte développe son propre modèle : une économie planifiée algorithmique. Les grandes industries — énergie, robotique, IA, armement, extraction minière — sont nationalisées et intégrées à un réseau de production automatisé appelé Grille de Production Commune (GPC).
Cette organisation garantit une autosuffisance remarquable dans les domaines critiques :
Malgré des succès techniques impressionnants, l’économie du Pacte reste fermée et rigide, limitant les initiatives privées et la créativité individuelle.
Le Pacte se définit comme une civilisation de la discipline, opposée à l’“entropie morale” des Nations Unies. Sa doctrine officielle, le “Réalisme Harmonique”, repose sur trois principes :
La propagande glorifie l’unité culturelle eurasiatique, l’héritage impérial chinois et russe, et la mission sacrée de “préserver l’humanité contre elle-même”. Les religions sont tolérées mais surveillées. L’éducation est uniformisée, la langue maternelle remplacée par des dialectes standardisés pour renforcer la cohésion.
Les citoyens vivent dans un système hyper hiérarchisé, mais relativement stable. L’ordre social s’appuie sur la sécurité, la discipline, et la promesse de protection face au chaos extérieur.
À partir des années 2050, le Pacte Eurasiatique entre en compétition directe avec les Nations Unies pour la maîtrise de l’espace. Ses programmes spatiaux, lourdement militarisés, donnent naissance à :
Malgré ces prouesses, la culture du secret et la paranoïa interne empêchent toute coopération scientifique durable. Lorsque les tensions culminent durant la Guerre d’Orion, le Pacte apporte un soutien discret mais réel au Conseil d’Orion, lui fournissant armes et technologies militaires, espérant affaiblir l'UN sans s’impliquer directement.
Le Premier Contact en 2154 met brutalement fin à la rivalité humaine. Les flottes du Pacte, dispersées et obsolètes, sont anéanties dès les premières offensives centauriennes. Les colonies eurasiennes periphériques sont éradiquées en quelques mois, et les lignes de défense s'effondrent.
En 2161, lors du Siège de Sol, Pékin ordonne la mise en œuvre du Protocole Zéro, un plan d’autodestruction globale des infrastructures sensibles. Moscou tente de négocier une alliance tactique avec les Nations Unies, mais les communications interplanétaires sont déjà coupées. Les derniers bâtiments de guerre du Pacte fusionnent avec les vestiges de la flotte des Nations Unies sous le commandement conjoint de l’United Earth Command, structure supra-étatique construite dans l'urgence absolue, et regroupant une partie de l'amirauté des deux blocs ennemis. Ainsi s’éteint le Pacte Eurasiatique — non pas vaincu par l’Occident, mais par l’extinction commune.
Le Pacte Eurasiatique représente dans la mémoire humaine une utopie de contrôle total : un monde sans désordre, mais sans âme. Ses doctrines économiques et militaires influenceront profondément la future UEF, qui intégrera plusieurs de ses principes dans la reconstruction post-guerre. De nombreux historiens considèrent que, d’une certaine manière, le Pacte triompha dans la défaite, ses idéaux de discipline et d’efficacité devenant les fondations implicites de la future Fédération Galactique.