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Les Rhakis sont une espèce mammalienne sentiente d’origine inconnue, découverte sur un monde ravagé du secteur Nova et intégrée de force à la Fédération Galactique après une série de conflits connus sous le nom de Guerres Rhakis. Physiquement imposants, puissamment bâtis et adaptés à des environnements à haute gravité, les Rhakis sont reconnus pour leur nature combative, leur loyauté clanique et leur instinct guerrier presque rituel. Leur société, jadis fondée sur l’honneur et la conquête, fut brisée et “pacifiée” par la Fédération, qui les considérait comme une menace potentielle à la stabilité de la frontière extérieure. Aujourd’hui, ils survivent en tant que peuple marginalisé, dispersé et soumis à un contrôle démographique strict.
Les Rhakis sont des mammaliens robustes, à la physiologie conçue pour résister à des conditions extrêmes. Leur planète d’origine, aujourd’hui perdue ou méconnaissable, devait être massive et soumise à une gravité élevée, ce qui explique leur densité musculaire, leur squelette renforcé et leur endurance exceptionnelle. Leur morphologie les rend capables de supporter des chocs et des contraintes physiques qu’un humain ne survivrait pas. Leur peau est épaisse, souvent couverte d’un pelage dense dont la couleur varie selon les clans.
Leur mâchoire puissante et leur dentition carnassière en font des prédateurs strictement carnivores. Leur appareil digestif est court et optimisé pour la consommation de protéines animales, ce qui complique leur adaptation sur les mondes de la Fédération. Leur métabolisme rapide et leur immunité exceptionnelle ont cependant un revers : leur taux de reproduction élevé et leur maturité précoce ont longtemps rendu leur population explosive.
Les Rhakis mettent souvent au monde plusieurs enfants par portée, et ceux-ci atteignent la maturité en quelques années. Leur biologie semble avoir évolué pour compenser les pertes considérables infligées par une histoire marquée par la guerre et les prédateurs. Ce potentiel reproductif, perçu par la Fédération comme un risque démographique, a conduit à la mise en place de protocoles de régulation biologique après les Guerres Rhakis, limitant artificiellement leur fertilité et surveillant génétiquement leurs naissances.
La culture rhakis ne se définit pas par des lois écrites mais par la mémoire du sang et des serments. Ce qui unit un clan n’est ni la foi ni la politique, mais la loyauté envers ceux qui portent la même cicatrice.
Les Rhakis sont un peuple de guerriers, façonné par une histoire de luttes tribales et de survie. Leur société est structurée en clans indépendants, chacun gouverné par un conseil martial où la valeur d’un individu se mesure à ses exploits. L’honneur est la vertu suprême : un Rhakis sans clan ou sans honneur est considéré comme mort. La guerre y tient une place sacrée ; elle est à la fois art, rite et jugement.
Leur conception du combat diffère de celle des autres civilisations : pour eux, l’affrontement n’est pas une barbarie, mais une manière de résoudre les tensions naturelles de l’existence. Ils préfèrent les armes blanches, les duels et les affrontements directs, qu’ils voient comme des expressions de vérité et de courage. La technologie, dans leur culture originelle, était méprisée : elle trahissait la lâcheté de ceux qui frappent à distance. Ce n’est qu’après leur intégration forcée que les Rhakis ont commencé à adopter les armes à feu et les systèmes fédéraux, souvent sans en comprendre la logique bureaucratique.
Dans la Fédération, les Rhakis ont du mal à s’adapter. Leur code d’honneur, rigide et direct, se heurte à la froideur administrative et à la duplicité politique. Leur difficulté à mentir ou à manipuler socialement les rend vulnérables dans une civilisation régie par le compromis et la technocratie. La plupart vivent en communautés fermées dans les zones industrielles ou minières, employés par les mégacorporations pour leur force physique et leur endurance. Exploités, méprisés, ils survivent en préservant leurs traditions en secret : chants de guerre, rituels d’allégeance, tatouages de clan et légendes orales transmises de génération en génération.
Les Rhakis furent découverts par des explorateurs Khalaxi sur un monde irradié du secteur Nova, vestige d’une guerre nucléaire planétaire. Leur civilisation, autrefois avancée, avait sombré dans la barbarie et la régression technologique. Des activistes fédéraux, enfreignant les protocoles d’observation, décidèrent de sauver ce qu’il restait de l’espèce, en les transférant sur des mondes habitables. Ce geste, d’abord humanitaire, fut jugé illégal par la Fédération, qui craignait d’introduire un élément instable dans l’équilibre galactique. Les activistes avaient eu raison sur un point : les Rhakis survécurent. Mais ils ramenèrent avec eux leurs guerres.
En quelques décennies, les Rhakis, aidés par la contrebande d’armes et de technologies fédérales, reconstituèrent une société tribale interplanétaire. Des seigneurs de clan colonisèrent anarchiquement plusieurs mondes du secteur Nova, chassant les populations locales et se livrant à des conflits internes incessants. Leur expansion rapide alarma le Conseil Galactique, qui craignait la naissance d’un empire guerrier incontrôlable à la frontière. En 2238, le Conseil vota à l’unanimité une intervention préventive, marquant le début des Guerres Rhakis.
Ces guerres, longues et sanglantes, opposèrent la puissance technologique fédérale à la férocité instinctive des clans rhakis. Malgré des pertes immenses, la Fédération finit par écraser la résistance après treize années de campagne. Les survivants furent intégrés de force à la Fédération, sous tutelle militaire. Leur statut de citoyens de rang inférieur fut officialisé, et aucune représentation politique ne leur fut accordée.
La Fédération décida alors d’une politique de pacification démographique. Les colonies rhakis furent placées sous surveillance médicale et administrative. Les programmes de “prévention sanitaire” introduisirent des traitements hormonaux réduisant la fertilité des femelles rhakis, officiellement pour des raisons écologiques. Les enfants furent soumis à un encadrement génétique strict : chaque naissance nécessitait une autorisation. Cette politique, connue sous le nom de *Projet Équilibre*, permit à la Fédération de contenir la population rhakis tout en évitant un nouveau conflit. Les Rhakis, incapables de s’y opposer, appelèrent cette période *le Sommeil du Sang*.
Deux siècles plus tard, la population rhakis demeure stable mais faible. Leur culture survit dans les marges, transmise en secret. Leurs clans dispersés, privés de leurs rites et de leurs armes, subsistent dans la nostalgie de leur grandeur perdue. Quelques mouvements clandestins, comme les Fils du Sang Ancien, rêvent d’un renouveau, mais la plupart des Rhakis vivent résignés, prisonniers d’un ordre qui les a privés de tout sauf de leur fierté.
*« Nous avons perdu nos mondes, nos chants et nos dieux. Mais la colère, elle, n’a jamais connu de maître. »* — Proverbe rhakis.
L’origine exacte des Rhakis demeure l’un des plus grands mystères anthropologiques de la Fédération Galactique. Les données recueillies par les premiers explorateurs khalaxi sur leur monde d’origine — aujourd’hui une planète morte noyée sous les cendres — laissent penser que les Rhakis descendent d’une civilisation industrielle avancée, probablement comparable à celle de la Terre au début de son ère nucléaire. Des ruines métalliques, des réseaux de conduits souterrains vitrifiés et la présence de résidus isotopiques à demi-désintégrés témoignent d’un cataclysme technologique ancien. Selon la plupart des chercheurs fédéraux, cette civilisation aurait péri lors d’une guerre atomique totale, provoquant l’effondrement de son écosystème et la disparition de toute forme d’organisation politique complexe.
Cet hiver nucléaire aurait déclenché une sélection darwinienne d’une brutalité inouïe. Seuls les plus résistants, les plus massifs et les plus endurants auraient survécu. La résistance aux radiations, la capacité à supporter les carences alimentaires et la puissance physique devinrent les principaux critères de survie. De génération en génération, cette sélection naturelle façonna un être aussi robuste qu’adapté à l’adversité : le Rhakis moderne. Leur méfiance instinctive envers la technologie, souvent interprétée comme une forme d’arriération culturelle, serait en réalité un héritage culturel né de ce traumatisme collectif. Dans leur mythologie, le feu de métal et la lumière blanche du ciel sont perçus non comme des découvertes, mais comme des châtiments.
La société post-nucléaire issue de ces ruines aurait régressé vers un modèle tribal et clanique, dans lequel la force remplaça la loi et la survie prit le pas sur le savoir. Sans infrastructures, sans mémoire technologique et avec des générations très courtes, toute tentative de reconstruction d’un ordre centralisé fut impossible. Le monde rhakis sombra alors dans des millénaires de guerres de clans, chaque tribu perpétuant ses traditions de manière isolée. L’instinct martial, la hiérarchie du combat et la loyauté du sang prirent la place des institutions et de la science.
Leur natalité explosive découle probablement de cette période de chaos. Sur leur monde ravagé, la mortalité infantile était extrême, la vie courte, et le besoin de se reproduire rapidement était devenu une nécessité biologique. L’espèce s’adapta : les portées devinrent plus nombreuses, les cycles gestationnels plus courts, et la croissance des jeunes plus rapide. Cette évolution, vitale dans un monde hostile, devint plus tard l’une des principales sources de tension avec la Fédération, qui y vit un danger démographique majeur.
On ignore depuis combien de temps les Rhakis évoluent dans cette condition post-nucléaire. Les datations géologiques sont rendues incertaines par les retombées radioactives, mais la mystification de la technologie dans leurs mythes suggère qu’au moins plusieurs centaines de générations se sont écoulées. Pour un peuple dont les cycles de vie sont rapides et les lignées courtes, cela représente un laps de temps suffisant pour que la mémoire historique s’efface presque entièrement. Dans les récits oraux rhakis, les anciens bâtisseurs sont devenus des dieux ou des monstres, et les machines des reliques interdites.
Cette succession effrénée de générations explique aussi pourquoi leur société n’a jamais retrouvé la stabilité nécessaire à une reconstruction durable. Chaque génération, trop brève pour établir des structures pérennes, remplaçait la précédente avant d’avoir pu transmettre un savoir unifié. L’histoire des Rhakis est donc celle d’une espèce prisonnière de son propre cycle vital : condamnée à renaître sans jamais se souvenir.
*« Nous avons été faits forts pour survivre, mais pas assez pour nous souvenir. »* — Fragment de chronique orale rhakis, collectée sur Zan-Trathis.